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2023-11-16

Contrôle de l'immigration et amélioration de l'intégration : Un projet de loi controversé

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Le projet de loi pour contrôler l'immigration et améliorer l'intégration a suscité de vives controverses depuis son introduction dans le parcours parlementaire. Présenté par Emmanuel Macron lors de sa campagne de 2022, le texte a subi des modifications importantes lors de son passage en commission des Lois au Sénat. Face à la grogne sociale et aux tensions politiques liées à la réforme des retraites, le débat a été suspendu. Cependant, le 6 novembre 2023, le projet de loi a repris son parcours au Sénat, suscitant de nouvelles discussions et contestations.

Les objectifs du projet de loi

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a déclaré que le projet de loi avait pour intention d'être "méchant avec les méchants et gentil avec les gentils". Cette approche simpliste cache la difficulté de trouver un équilibre entre les attentes de la droite, qui souhaite renforcer les mesures répressives, et celles de la gauche, qui met l'accent sur l'intégration et la régularisation des travailleurs.

Le projet de loi propose un certain nombre de mesures qui touchent différents aspects de l'immigration et de l'intégration. Voici un aperçu des principales dispositions :

Expulsions : priorité aux délinquants

Le projet de loi vise à faciliter les expulsions des étrangers considérés comme délinquants. En cas de menace grave pour l'ordre public ou la sûreté de l'État, les protections contre l'expulsion dont bénéficient certains immigrés pourraient être réduites. Les personnes ayant été condamnées pour des crimes ou délits punis de dix ans ou plus d'emprisonnement, ou de cinq ans en cas de récidive, seraient particulièrement visées. De plus, le titre de séjour d'une personne adhérant à une idéologie djihadiste radicale pourrait être retiré. Le projet de loi prévoit également un allongement de la durée de placement en centre de rétention administrative pour les personnes considérées comme "fichées S" ou délinquants.

Réforme du système d'asile

Le gouvernement souhaite accélérer les procédures d'asile et augmenter les expulsions. Une des mesures proposées est de délivrer une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF) dès le rejet d'une demande d'asile en première instance, sans attendre un éventuel recours. Le contentieux des étrangers serait également réformé pour réduire le nombre de recours possibles contre les expulsions. Une décentralisation de la Cour nationale du droit d'asile est également envisagée, afin de désengorger les tribunaux administratifs.

Régularisation des travailleurs sans-papiers

Le projet de loi prévoit la possibilité de régulariser les travailleurs sans-papiers déjà présents sur le territoire français. Ces travailleurs pourraient obtenir un titre de séjour d'un an renouvelable s'ils travaillent dans des secteurs en pénurie de main-d'œuvre. La liste des métiers concernés serait actualisée pour refléter les besoins actuels de l'économie.

Exigence d'un niveau minimal de français pour l'obtention d'une carte de séjour

Le projet de loi propose de conditionner la première délivrance d'une carte de séjour pluriannuelle à la maîtrise d'un niveau minimal de français. Actuellement, une simple participation à une formation linguistique est requise. Cette mesure vise à renforcer l'intégration des immigrants en favorisant leur apprentissage de la langue française.

Réforme de l'aide médicale d'État (AME)

L'aide médicale d'État (AME), qui permet aux personnes en situation irrégulière d'accéder aux soins de santé, est l'une des cibles du projet de loi. La commission des Lois du Sénat a proposé de transformer l'AME en une "aide médicale d'urgence" qui se concentrerait sur les maladies graves, les douleurs aiguës, les soins liés à la grossesse et les vaccinations réglementaires. Cette proposition vise à limiter les coûts de l'AME et à éviter les abus.

Resserrer les critères du regroupement familial et instaurer des quotas

Le projet de loi prévoit également de resserrer les critères du regroupement familial en renforçant les conditions de séjour et de ressources des demandeurs. De plus, il propose l'instauration de quotas en matière migratoire. Ces mesures visent à mieux contrôler l'immigration et à limiter le nombre d'étrangers admis à s'installer durablement en France.

Le projet de loi pour contrôler l'immigration et améliorer l'intégration suscite de vives controverses et des débats passionnés. Les mesures proposées touchent différents aspects de l'immigration et de l'intégration, en cherchant à établir un équilibre entre les intérêts de la droite et de la gauche. Alors que le texte poursuit son parcours parlementaire, il reste à voir quelles dispositions seront finalement adoptées et quel impact elles auront sur la politique migratoire de la France.